Nantes : 14 personnes placées en garde en vue pour des banderoles et des pétards

Une banderole est déployée le lendemain lors de la manifestation en hommage aux camarades interpellés – Nantes Révoltée
Les faits se sont déroulés ce vendredi 12 avril à Nantes vers 15heures. 15 personnes qui fabriquaient des banderoles en vue de la manifestation de ce samedi ont été interpellées et 14 placées en garde vue. Parmi elles, une personne en fauteuil roulant relâchée dans la soirée.
Par Céline Dupeyrat, le 13 avril 2019
Les faits se sont déroulés aux alentours de 15 heures, près du Boulevard Vincent Gâche, en bords de Loire. Fleur qui venait participer à un atelier de fabrication de banderoles et d’affiches, en vue de la manifestations à l’appel des gilets jaunes et contre la loi anti casseurs de ce samedi 13 avril n’en revient toujours pas.
« Un dispositif policier totalement disproportionné »
En ce début d’après-midi, Fleur vient partciper à un atelier de fabrication de pancartes et d’affiches. « C’était un rassemblement décidé en AG et annoncé sur les réseaux sociaux. Rien de secret! Juste un atelier créatif , public et en plein air , de confection de pancartes et d’affiches avec des bombes de peinture pour la manif de ce samedi. Il y a vait une quinzaine de personnes. Le plus jeune avait 17 ans, la personne la plus âgée une soixantaine », raconte la jeune femme.
« Quand je suis arrivée, il y avait plusieurs voitures de police, , un camion cellulaire et de nombreux policiers en tenue et en civile. On aurait dit une opération anti-criminalité. Il y avait même un chien dans un des véhicules même s’ils ne l’ont pas descendu. Le dispositif était trés impresionnant. » Fleur
Des banderoles et des pétards
« Ils ont encerclé tout le monde. Ils ont contrôlé les identités, pris des photos individuelles. Chacun son tour. C’était très humiliant pour eux », ajoute Fleur. « Le contrôle a duré une heure. Tout le matériel a été confisqué. En plus des bombes de peintures, il y avait des pétards visiblement ».
15 personnes sont montées les unes après les autres dans les véhicules de Police. Transportées au commissariat elles ont été placées en garde à vue.
« Le pire, poursuit la jeune femme, c’est qu’ils ont embarqué une personne handicapée en fauteuil roulant. Elle a étét relâchée dans la soirée après avoir été rapidement auditionnée. » Fleur
La police reproche aux personnes interpellées « la participation à un groupement en vue de commettre des dégradations et des violences ». « Autrement dit on les arrête pour des faits qu’ils n’ont pas commis! C’est grotesque et hallucinant », conclut Fleur.
Les militants interrogés jugent l’opération de Police « totalement disproportionnée » et y voient « un empêchement de participer à la manifestation de ce samedi ».
Cela n’empêchera pas Fleur, par ailleurs street medic, d’être présente au côté des manifestants, ce samedi après-midi 13 avril dans les rues de Nantes.
Tous sont sortis, ce samedi 13 avril en début d’après-midi après 24 heures de garde à vue, sans aucune poursuite.
france3-regions.francetvinfo.fr
Ndlr : Dans son roman dystopique « Rapport Minoritaire » Philip K. Dick imagine une société dans laquelle la criminalité aurait été éradiquée grâce à la technologie précognitive qui permet en 2054 aux agents d’une organisation expérimentale du gouvernement de réprimer toute infraction à la loi avant qu’elles ne soient commises.
Nommée « Précrime » dans la fiction de l’auteur, celle-ci a déjà ses équivalents dans notre réalité, entièrement tournée vers le développement des techniques de surveillance et de contrôle :
Nous savons que la « stratégie du choc » (voir Naomi Klein) a vocation à créer un contexte favorable à la mise en place de dispositifs liberticides, c’est ce qui s’est passé aux États-Unis à la suite du 11 septembre 2001 avec l’adoption du Patriot Act. S’ensuivit la passation de divers contrats de défense et de sécurité intérieure entre l’État fédéral et des sociétés privées spécialisées dans la technologie de pointe.
La loi anti-casseurs, « visant à prévenir les violences lors des manifestations » de son vrai nom, sera-t-elle l’occasion pour les services de l’État français de faire un pas de plus vers l’aseptisation sociale et le nivellement politique du pays ?
Si l’on en juge par la masse de violations des droits individuels les plus élémentaires enregistrées depuis le début du mouvement des Gilets Jaunes, la question mérite d’être posée.